Juste un câlin pour Noël :

Plongez dans une romance de Noël doudou et pétillante!

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⭐⭐⭐⭐⭐ Très bon livre

« Livre vraiment prenant, une histoire et des personnages captivants. On rit, on est touchés parfois. Une immersion au Canada bien réussie. Livre très bien écrit, recommandé à 100%! »

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Megh

Le résumé:

Un faux petit ami pour sauver son Noël !


Elle a le cœur sur la main mais Nico ne sait pas exprimer ses sentiments, surtout à ses proches… Pour sauver ses fêtes de Noël, Nico accepte l’aide de Waël. Il sera le faux petit ami idéal et va tout tenter pour la réconcilier avec sa famille.

Waël ne pense qu'à rendre le sourire à la jolie Nico et faire chavirer son cœur au passage. Il peut compter sur l’ambiance féérique de Chante-Neige, sur les habitants déjantés du village, sur un chat mystérieux et sur l’étrange «malédiction de Noël».


Mais Nico n’a toujours pas oublié son premier amour…


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Chapitre 1 – Il était une fois un lutin

clochette



Nico renfonce son bonnet à gros pompon sur ses longs cheveux blonds. Elle sait qu’elle sera toute décoiffée, mais le froid mord trop les oreilles. La survie passe avant. Quatre jours avant Noël, aux aurores, l’air de Montréal fait bien moins dix degrés. Quelques flocons volettent encore, souvenir de la tempête de neige nocturne.


Entre les buildings, l’avenue est blanche et encombrée de la neige presque intouchée, seule la route a été déneigée et salée en fin de nuit. Sur les voitures à l’arrêt et les bords des trottoirs, la magie des cristaux est intacte : une belle épaisseur de magie glacée qui réverbère les pâles lueurs de l’aube et les illuminations de Noël, toute d’argent et de bleu féérique. L’allée de lumière guide les pas de Nico jusqu’à l’entrée du réseau souterrain. Là, une épreuve l’attend. Ouvrir la lourde porte de métal striée d’une bande jaune et noire. On pourrait croire que c’est facile. Mais lorsque la différence de température est si forte entre l’intérieur et l’extérieur, la moindre porte devient un cerbère infranchissable.


Alors que Nico pousse le battant, une rafale de vent chaud l’en empêche et elle doit mettre toutes ses forces pour entrer. Mais Nico est une dure, se battre contre une porte ne lui fait pas peur. C’est toujours mieux que de marcher dix minutes à l’air libre et de risquer de se faire geler le nez et les oreilles ou de glisser sur une plaque de verglas.


Nico aime l’hiver. Nico aime la neige, le froid, la lumière féérique des décorations de Noël dans la lueur rose de l’aube. Mais franchement, la chaleur, c’est bien aussi.


La jeune femme savoure la sensation de tiédeur cocooning qui l’envahit tandis qu’elle traverse les couloirs jusqu’aux galeries marchandes. Et là, parvenue au balcon illuminé qui plonge sur les trois étages souterrains de magasins, elle prend quelques minutes pour admirer les décorations suspendues, gigantesques, qui mêlent nounours mignons, formes psychédéliques et animaux des glaces tout de lumières blanches vêtus. Elle pourrait passer sa matinée à admirer les illuminations du centre commercial souterrain mais elle doit encore prendre son café et accessoirement, aller travailler.


Mais avant, elle a une tâche à accomplir, de la plus extrême importance : sauver un petit animal choupinou, abandonné et qui n’existe peut-être pas…


J’ai vu un truc bouger ! Je suis sûre que j’ai vu un truc bouger ! C’est lui !


Nico s’agenouille pour regarder à travers la fente de la porte de service. Celle-ci est rongée en bas, juste de quoi faire passer la tête d’un rat ou d’un petit chat. Un jour qu’elle achetait son café, Nico a entendu miauler derrière cette porte et elle est sûre d’avoir un jour aperçu des yeux jaunes.


— Kitty, Kitty… appelle-t-elle, le nez sur la fente de la porte. Ne t’inquiète pas, Kitty, je ne veux pas t’emporter chez moi, je nourris les oiseaux et je n’ai pas envie que tu en profites pour les manger. Allez… Kitty… Viens… Je veux juste un câlin…

Nico a soudain chaud. Certes, l’hiver québécois est redoutable mais les magasins et les métros sont tellement chauffés qu’on se croirait aux Bahamas. Elle se débarrasse de sa doudoune à large capuche et la plie sur ses genoux. Le tissu rose métallisé émet un froufrou qu’elle adore. On a envie de se réfugier dedans.


Peut-être que cela marche sur les chats ?


Nico tente de faire chanter le tissu en le frottant. Elle finit par se sentir ridicule. Elle jette un petit regard autour d’elle dans la galerie. La place est déjà pleine de gens : cadres en costume, jeunes femmes tirées à quatre épingles, travailleurs fatigués de retour d’un service de nuit… mais personne ne la remarque. On a beau être lève-tôt, à 7 h on regarde devant soi. Et puis, à Montréal, l’originalité n’est pas un défaut. Nico veut croire que personne ne vous jugera parce que vous êtes à quatre pattes dans une galerie à miauler à tue-tête pour couvrir la voix magnifique de Mariah Carey qui chante Noël : « All I want for Christmas is youuu… // MIAOU ! MIAOU ! ».


Mais l’idée qu’un petit chat vit là, qu’il sera peut-être bientôt attrapé par la fourrière, qu’il meurt peut-être de faim lui est insupportable. Nico a besoin de le revoir, de se rassurer au moins. Sa seule certitude est que tous les matins, la nourriture qu’elle apporte disparaît avant midi.


La jeune femme pose un œil sur la serrure : à l’ancienne, facile à crocheter. Son frère cadet, alias le voyou du village, lui a montré comment faire lorsqu’elle avait 12 ans. Nico pourrait même la défoncer à coup de pied mais passer pour une folle le matin de bonne heure est une chose, porter atteinte à un bien public en est une autre.

— Miah… tente-t-elle en désespoir de cause.


Nico n’a jamais été très douée pour imiter les chats. Elle a tellement fréquenté de chiens. Elle fouille dans son sac et en sort un petit tupperware, son dernier argument.

— Je t’ai apporté du saumon à l’érable, tu vas voir, c’est délicieux…


Elle pose la gamelle de plastique au sol devant le trou. Mais le chat ne daigne pas lui faire l’honneur de se montrer pour ça. Cela attriste tout de même Nico, qui murmure :

— Tant pis pour toi, idiot de chat !


Elle va pour se relever mais une main se pose sur son épaule et la voix d’un homme la fait sursauter :

— C’est peut-être un chat canadien mais le sirop d’érable, ce n’est pas bon pour lui.


Nico ne prend pas le temps d’identifier cette voix à l’accent français, elle se défend aussitôt. Elle repousse ce bras qui envahit son espace et se dresse sur ses pieds, les poings serrés. L’intrus lève les mains comme on apaise un fauve :

— Je ne voulais pas insulter la gastronomie québécoise !


Nico reconnaît enfin le serveur du café Second Cup. Pas tant à son tablier mais à ses yeux de nuit, à son nez droit, à son visage harmonieux venu du Moyen-Orient et son menton couvert d’un léger voile de barbe. Ce qu’elle préfère chez lui, c’est ce sourire bienveillant, qu’il lui offre tous les matins. Elle aime aussi cette masse de cheveux noirs mi-longs et indisciplinés dans laquelle on a envie de plonger les mains. Sauf aujourd’hui. Il porte un amas de feutre vert et de clochettes sur le crâne.


Remarquant son regard, il secoue la tête et fait tinter son chapeau d’elfe de Noël.

— C’est la classe, hein ? Quand tu penses que je suis payé moins de huit dollars de l’heure pour porter ça. Allez, viens, on s’occupe tous de Casper le chat, tu sais. Pas la peine de t’inquiéter.


Et il lui offre un nouveau sourire, à mille watts, le genre de sourire que seuls peuvent émettre ceux qui ont porté un appareil quand ils étaient enfants : des dents superbement alignées, sans le moindre complexe. Nico a une canine décalée et son sourire fermé a toujours quelque chose d’une fausse timidité qui n’est que de la honte. Sa canine était le sujet de blagues lourdes et sans fin de la part de ses deux frères et de leurs copains : vampire ! Castor ! Tigrou à dent de sabre ! Et d’autres, selon l’inspiration du jour.


Gênée, Nico se replie dans son gros pull de cachemire à col roulé comme si elle avait froid. Ses cheveux blonds encadrent son visage et viennent se perdre devant ses yeux. Le jeune homme prend un air attendri. Il tend une main vers elle pour faire on ne saura jamais quoi car Nico se recule d’un geste vif. Elle résiste au réflexe de lui retourner un coup de poing dans l’épaule. C’est ce qu’elle aurait fait à son frère pour le tenir à distance.


Mais le serveur comprend le message, il s’en retourne nonchalamment vers le comptoir d’à côté :

— Tu prends la même chose que d’habitude, Nico Robin ? Un café de base, taille tall et rempli aux trois quarts pour que tu puisses vider toute la crème et le sucre aromatisé en libre-service ? Tu sais, je peux au moins te faire un latte, le lait sera chaud, ce sera meilleur. Au fait, ton prénom, c’est Nico ou Robin ? Tu ne m’as jamais dit…


La jeune femme sort de sa stupeur :

— C’est Nico et non, je préfère un café simple… répond-elle en ramassant son manteau qui a glissé par terre.


Elle trouve le vêtement étrangement lourd mais elle se dit que cela doit être la honte qui la paralyse. Malgré la chaleur de l’atmosphère et le rouge qui lui est monté aux joues, elle enfile sa doudoune avant de tâter les poches pour vérifier qu’elle n’a pas fait tomber son portable et son portefeuille. Tout va bien. Au sol, rien, à part le saumon à l’érable, qu’elle laisse là, incapable d’imaginer qu’un chat ne se laisse pas tenter.


Nico s’approche de la vitrine de pâtisserie pendant que le barista continue son monologue en lui faisant son café. C’est fou, ce qu’il est bavard à 7 h du matin.

— Tu sais que Nico Robin est le nom d’un personnage de manga super badass, une histoire de pirates. Ça t’irait bien, le cosplay de pirate. Enfin, un pirate princesse, bien sûr. Tu vas à la Comiccon parfois ? La convention de Montréal est géniale. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir la faire l’année prochaine parce que j’ai des problèmes de visa…


Son regard noir se fixe dans le sien et y reste un peu trop longtemps, comme si le jeune homme était hypnotisé. Nico sait que ses yeux à elle, d’un bleu froid, déstabilisent souvent les gens. Pourtant, lui n’est pas en train d’hésiter. Il attend simplement une question de sa part, qu’elle s’intéresse à lui. Des mois qu’il bosse ici le matin, des mois qu’il lui tend des perches de plus en plus évidentes. Un mois qu’elle se dit qu’elle devrait peut-être céder. Mais ce n’est pas forcément une bonne idée. Elle apprécie d’avoir quelqu’un de gentil le matin avec un doux sourire pour lui servir son café. Qui sait comment la situation pourrait dégénérer si elle venait à l’apprécier vraiment ? Ou au contraire, à coucher avec et à le virer salement ? C’est prudent de conserver le statu quo.


Alors, Nico fait mine de se concentrer sur les gâteaux. Le carrot cake couvert de sucre blanc, les brownies aux noix et les bostons à l’érable, beignets garnis de crème sucrée, lui font de l’œil mais non, elle doit être forte. Rien que de les regarder, elle se sent déjà grossir. Elle a encore pris un peu d’embonpoint dans les cuisses et ses frères vont vouloir la faire courir pendant les fêtes, en raquettes.

— Tu devrais petit-déjeuner le matin, lui dit le serveur avec un regard un peu accusateur.


Peut-être qu’il n’atteint pas les objectifs de chiffre d’affaires le matin ? Ou qu’il veut la faire grossir lui aussi ? C’est une conspiration.


— Je suis trop grosse, déjà, dit-elle.

Il est vraiment lent pour servir ce matin…


Il secoue la tête en soupirant, faisant tinter les clochettes :

— Mais non… Là d’où je viens, on n’aime pas les squelettes.


Retour du sourire à mille watts. Nico endure l’attaque et répond par sa petite grimace souriante aux lèvres closes. Elle tend la main pour avoir son café et sent bien que les doigts du jeune homme s’attardent sur les siens. Elle recule la main un peu vite.

— Mon contrat s’arrête ce soir, dit-il.


Encore une invitation implicite. Nico cache son trouble en sortant sa carte de crédit.

— Oh… Dommage, dit-elle simplement.


Elle paie. Surtout ne pas le regarder dans les yeux. Elle s’en va au fond du café, vers le comptoir de bois où sont alignés les sucrières et les pichets en libre-service. Elle est tout de suite envahie par une sensation de tiède chaleur cocooning. Les cafés Second Cup ne servent pas le meilleur café, mais leurs boiseries et toutes ces douceurs vous donnent l’impression d’être chez grand-mère à l’heure du goûter. Nico blinde son café de crème, de sucre vanillé, de cacao en poudre, de cannelle et de muscade.


D’habitude, elle est plus rapide, mais ce matin, elle a envie de faire traîner. Elle cherche une réponse à la question du serveur.


Il ne sera plus là demain ? Du coup, pas de risque qu’il crache dans mon café si ça ne se passe pas bien entre nous ? Et puis, il est quand même beau et ça fait longtemps que je n’ai pas…


Tenter ou pas ? Pour une nuit, ou plus ?


Trop tard, pense-t-elle finalement. J’ai raté le timing.


Une serveuse vient d’arriver, elle se met aussitôt à brailler :

— Tu n’as pas fait ta vaisselle ! Waël !

— Hello, princesse ! Tu ne m’as pas fait mon bisou !


Nico se retourne et les trouve enlacés. La serveuse, une jeune noire un peu petite, se met à crier :

— Mais il va cesser, le bozo ! Pas devant tout le monde ! Arrête, Waël !


Il s’appelle Waël, donc, pense Nico.


Cela lui revient, il lui a dit son nom le premier jour de son service. Elle l’a aussitôt oublié. Elle a le sentiment qu’elle aura du mal à l’oublier maintenant. Le Waël qui lui adressait mille sourires enlace la jeune femme comme on serre un ours en peluche et tente de lui faire des bisous sur les quatre joues. Pas juste une petite accolade de bienvenue, ni la bise, non. C’est beaucoup plus.


— C’est mon câlin du matin, dit-il en riant.

— Si mon chum te voit, tu verras la tête qu’il va te faire. En plus, y’a une cliente, t’es braque !


Nico observe la jeune femme qui se dégage de l’étreinte de Waël mais en prenant son temps. Cette fille peut râler, ça se voit qu’elle adore et qu’elle n’a pas envie de quitter ses bras.


Nico est soudain très agacée. Elle qui se faisait tout un monde de ses doigts qui effleurent les siens, de ses sourires, de ses invitations à demi-mot. Que du vent. Il n’a peut-être même pas envie de coucher avec elle. Et elle, bizarrement, n’en a plus du tout envie.


Captant le regard de Nico, Waël sort de derrière la vitrine et vient vers elle.

— Il manque quelque chose ? demande-t-il avec une malice évidente.


C’est le matin, tous les récipients sont pleins à ras bord. Et c’est sans doute lui qui les a remplis, en plus. Bien sûr qu’il ne manque rien et qu’il le sait. Nico ne répond pas. Alors, il secoue son bonnet pour le faire tinter, attendant un sourire, mais elle se contente de le regarder. Alors, il prend une grande inspiration et se lance :

— Mon job se finit ce soir.


Elle reste à le considérer calmement. Il ajoute :

— Je ne veux pas te presser ni m’imposer, mais j’aimerais bien avoir ton numéro, demande-t-il. Je serais trop triste de ne plus voir ton sourire timide le matin.


Impossible d’être plus direct. Et la question implicite a changé de niveau. C’est une chose de vouloir un rendez-vous pour une nuit quand on câline n’importe quelle fille, c’en est une autre de parler de se voir tous les matins. Mais de façon évidente, il ment. Nico n’a rien contre une aventure d’une nuit, c’est même souhaitable, mais elle n’aime pas qu’on lui mente par intérêt. Quand on ment, cela doit être pour protéger, pas pour blesser.


La main du jeune homme se tend vers sa joue, qu’il effleure. Alors, Nico se défend comme on le lui a appris. Elle pose les mains à plat sur son torse, à hauteur du tablier et pousse un grand coup. Trop fort. Ce garçon n’est pas un de ses frères, qui font un mètre quatre-vingt et jusqu’à quatre-vingts kilos. Waël est plus grand qu’elle, avec de belles épaules, mais ça reste un serveur, pas un joueur de hockey ni un policier. Il manque de s’étaler et se prend une table. Son bonnet tombe au sol en clinquant.


Waël reste une seconde surpris, puis il ramasse son chapeau de lutin sans un mot. Triste.

— Mais j’ai rien fait ? dit-il à sa collègue.


La serveuse est choquée. Nico a surréagi. Elle devrait s’excuser. Elle hésite, ne sait pas bien quoi dire. Pendant ce temps, la jolie jeune femme noire arrive pour consoler Waël. Elle lui donne un hug en lui tapotant l’arrière de la tête d’un geste maternel puis lui donne une tape un peu plus forte en disant :

— Ça t’apprendra à toucher les filles sans leur demander leur avis !


Mais Waël ne lâche pas Nico des yeux:

— Pourquoi ?


C’est vrai, ça ? Pourquoi ?


Parce que c’était trop rapide, trop direct, pas le moment, étrange, gênant, devant des gens. Parce qu’elle n’arrive pas à déterminer ce qu’il veut vraiment. Parce qu’on ne touche pas une fille qu’on ne connaît pas. Parce qu’il vient d’enlacer une autre fille devant elle. Parce que ce geste-là ne signifie sans doute rien pour lui. Parce qu’il souriait avec un peu d’ironie. Parce qu’il se moque d’elle, c’est évident. Nico a passé son enfance avec des garçons qui se moquaient d’elle. Elle sait les reconnaître. Elle sait aussi s’en défendre.


Elle répond :

— Parce que je ne veux pas d’un gars qui porte un chapeau à clochettes.


Elle saisit son café enrichi aux épices et contourne dignement les deux serveurs ainsi que quelques clients qui sont arrivés pendant leur dispute.


Mais Waël ne s’avoue pas vaincu pour autant :

— Ça veut dire quoi, ça ? Tu ne veux pas d’un mec qui fait un taf pourri, c’est ça ?


Nico a un temps d’arrêt. Déjà parce qu’il lui faut un temps pour comprendre ce qu’il essaie de dire. En quoi serveur est un travail méprisable ? Bien sûr que non, c’est un travail, c’est tout. Elle n’a rien contre les métiers manuels. Son père exploite le bois et s’occupe des touristes, sa grand-mère tient un refuge et son grand frère est certes policier mais, au village, il fait plus l’employé de voirie qu’autre chose. Pourtant, elle est fière de chacun d’eux.


Waël profite de son trouble pour la rattraper. Elle a presque l’envie de s’excuser mais il croise les bras avec dédain :

— Je suis sûr que j’ai fait deux fois plus d’études que toi.


Typiquement français. Très énervant. Cette arrogance pour un truc qui ne sert à rien. Nico se ferme totalement. Le jeune homme le sent et il change aussitôt de ton et d’attitude. Il se fait gentil comme à son ordinaire. Il sourit en secouant le chapeau :

— Mais c’est mignon, les clochettes, c’est l’esprit de Noël.


Et ce que ce sourire fait naître en elle donne à Nico l’envie de fuir cette comédie. Elle réplique :

— Il n’y a pas d’esprit de Noël, juste une fête commerciale. L’obligation d’acheter des cadeaux et de s’empiffrer avec sa famille !

— Quoi ?!


Avec un air outré, Waël se tourne vers la serveuse restée au fond de la boutique pour replacer les sucres en désordre sur le comptoir. D’habitude, Nico range tout derrière elle, mais ce matin, ses bonnes manières en prennent un coup. La serveuse s’en va rejoindre les clients sans adresser un regard à son collègue. Waël ne se formalise pas, il continue sur son idée en faisant le clown :

— C’est un jour saint ! lance-t-il à Nico. Tu insultes la mémoire du petit Jésus et de Saint-Nicolas !


Nico s’agace un peu plus d’être prise pour une gamine :

 — Ça n’existe pas, toutes ces bêtises, c’est juste bon pour les niaiseux comme toi, dit-elle en se détournant.


Net, clair et franc. C’est fini. Encore heureux que cet enquiquineur ne soit pas là demain matin. Elle aurait vraiment eu droit à un café coupé à la bave. Waël s’écrie d’un ton outré :

— Mais quelle arnaque, cette fille ! Des mois que je te regarde, que tu ris de mes blagues, que tu me souris toute timide, que tu nourris les petits chats, que tu t’emmitoufles dans ton gros pull tout doux comme si tu voulais des câlins et tu me sors ça ? Mais si je n’avais pas un grand cœur et si ce n’était pas une période bénie, je te maudirais !


Nico a un rire ironique du plus bel effet. L’elfe se tait une seconde. Juste une seconde. Alors qu’elle quitte le café sans un regard en arrière, il s’écrie de façon grandiloquente :

— Va, je te maudis ! Au nom du père Noël, de Saint-Nicolas, de Hanoukka, du petit Jésus, d’Allah, du Grand Manitou ! T’es maudite ! Tu vas voir comme il sera beau, ton Noël !


Son Noël n’est jamais vraiment beau. Le plaisir de retrouver son père, ses frères, son neveu et la grand-mère est toujours gâché par des manques et des non-dits, un malaise sur lequel s’empilent d’autres malaises, année après année. Alors, chaque année, Nico attend autant qu’elle redoute la période de Noël.


Elle se retourne enfin vers l’elfe à clochettes :

— Je m’en fous, je déteste Noël ! Si je pouvais esquiver la corvée, je le ferais !


Un petit son se fait entendre :

— Miah !


Le chat ? Il est où ?


 Nico pivote pour regarder partout mais le chat n’est nulle part en vue. Elle trébuche sur ses lacets. L’hiver ne fait que commencer et Nico n’attache pas encore ses hautes bottes fourrées qui résistent à du moins 40. Sa grand-mère lui mettait toujours une petite claque derrière la tête quand elle la voyait faire : « Tu vas te casser la figure, crisse d’épaisse

Et Nico s’étale comme sa grand-mère le lui avait prédit. La tasse de café s’envole, le liquide part plus haut encore, formant une boule comme dans un vaisseau spatial en apesanteur. Lorsque le liquide retombe, c’est la douche.


— Yaahh ! fait-elle.

Pas tant que c’est chaud avec toute la crème qu’elle y a mise, mais l’idée d’être pleine de sucre et de gras lui arrache un cri. Elle sent aussitôt deux mains qui l’aident à se relever :

— Ça va ?


C’est Waël, tout contre elle. Il a déjà oublié le café qui la souille, oublié la dispute, oublié qu’il n’a pas le droit de toucher une fille sans sa permission. Il la tient dans ses bras tout chauds et l’observe avec une inquiétude sincère.


Non, mais non, ce n’est pas possible ! Il est fou !


Nico repousse le jeune homme qui est responsable de ses cheveux dégoulinants et de son pull bon à jeter dès le matin. Et comme les mains ne suffisent pas avec lui, elle gronde :

— Laisse-moi, esti de bozo !

Elle vient de jurer. C’est un peu surréagir encore. Mais cela suffit. Waël se recule enfin. La sollicitude sur son visage fait place à la vengeance. Il lève ses deux mains vers le ciel avant de les abattre pour braquer deux index vers elle :

— La malédiction a commencé ! Ne jamais sous-estimer le pouvoir des clochettes !


Et il éclate de rire. Un rire exagéré de dessin animé qui n’a pas de fin, même quand sa collègue le dispute, arrivant à grand renfort de serviettes pour sécher Nico puis pour proposer de lui faire un nouveau café.


Mais Nico n’a pas envie de café. Elle a juste envie de se sauver d’ici.


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clochette

Chani Brooks

Chani voulait devenir physicienne (oui, comme Sheldon). Et puis un jour, elle s’est dit : « La romance, c’est cool aussi ». Et puis un jour, elle s’est dit : « Les chocolats chauds, c’est cool aussi ».  Et puis le Québec lui manquait…


Alors elle a inventé Chante-Neige.


Elle vit près de Paris avec les pigeons, mais elle rêve d'avoir un chat. Alors, elle en met dans toutes ses histoires.


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Bonne lecture!

=^-^=



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